2666

Il est l’homme des défis. L’artiste de l’impossible. Celui qui nourrit des désirs bigger than life, des rêves de spectacles torrentiels qui abolissent le temps ou le mettent au pas de sa créativité. Julien Gosselin, car c’est de lui dont il s’agit, le jeune metteur en scène (29 ans), qui s’attaquait à l’univers houellebecquien et à ses Particules élémentaires avec une réussite étonnante il y a 2 ou 3 saisons déjà, a retrouvé son appétit gargantuesque et ses couilles de taureau pour gravir l’ultime Himalaya, adapter 2666, le roman fleuve de Roberto Bolaño, mille pages désespérées pour tenter de saisir et dire le monde. Et le pire c’est qu’il réussit son pari grâce à un souffle et une inventivité fébriles portés par une bande de comédiens qui ont envie de tout bouffer, et qui bouffent tout. Les codes de la mise en scène et de la scénographie sont d’aujourd’hui, imprimés par le ciné et les séries, avec un usage permanent de la vidéo, une musique omniprésente, sans se lasser, pour une plongée tumultueuse de presque huit heures dans une œuvre littéraire. Le spectateur est invité à s’abandonner, de toute façon c’est plus fort que toi ! André Lacambra

Photo : Simon Gosselin