Antigone indignée

Parce que notre époque a grand besoin de figures indignées et inspirantes, de celles qui n’ont pas peur de l’ouvrir quand la cause est juste, la compagnie Blutack Théâtre ravive la figure mythique d’Antigone dans sa version écrite par Bertold Brecht. Lorsqu’en 1948 le dramaturge allemand s’approprie l’œuvre de Sophocle, le mythe antique n’est plus qu’une pure allégorie de la parole qui résiste et un discours ouvertement politique sur l’histoire contemporaine de l’Allemagne. Après L’Augmentation, pièce absurde et féroce sur « les différentes étapes qu’un employé subalterne doit parcourir pour espérer demander à son chef de service une hausse de salaire », Grégory Bourut continue à parler à ses contemporains de sujets contemporains. En rendant à la tragédie antique sa dimension universelle, il poursuit avec Antigone sa réflexion sur la pression exercée par le pouvoir sur les individus. La mise en scène, énergique et engagée, implique cette fois encore le spectateur de manière frontale, comme une injonction éperdue à la désobéissance légitime. Intense. MR

Photo : Brice Devos