Saigon

Soupe pho et mémoire bleue. Dans un lieu-matrice, un restaurant « coincé dans un espace-temps compris entre la France d’aujourd’hui et le Saigon des années 50 », on parle des absents, des regrets d’hier, des ouvertures de demain. On cuisine, on chante et on pleure dans cette fresque fluide, car c’est avant tout un mélodrame, et les larmes n’y sont pas cachées. Comme les acteurs (le spectacle est en français et en vietnamien surtitré en français), les onze personnages sont français, vietnamiens ou encore français d’origine vietnamienne, première ou deuxième génération.
Accompagnée de ses « hommes approximatifs » (c’est le nom de la compagnie théâtrale qu’elle fonde en 2008), Caroline Guiela Nguyen part à Hô Chi Minh-Ville – l’ancienne Saigon – et dans le 13e arrondissement de Paris pour recueillir des histoires frêles mais opiniâtres, des bribes ou des récits-fleuves ; c’est avec ce matériau qu’elle monte Saigon. Événement du festival d’Avignon 2017, la pièce restitue avec beaucoup de pudeur ces « mémoires minuscules », bousculées ou fracassées par la grande Histoire. C’est aussi la France vue d’ailleurs, une fiction polyphonique sur l’exil, les générations et les nostalgies. PL

11 et 12 avril, L’Archipel, Perpignan
17 et 18 avril, Scène nationale, Albi.

Photo : Jean-Louis Fernandez.