Toulouse les Orgues

L’édition 2017 du très installé festival pose la question « L’orgue rend-il fou ? ». La direction artistique sentirait-elle le danger de pesanteur qui sourd de l’instrument pachydermique ? Qu’elle soit rassurée, la réponse est oui. L’orgue, ce fusionnement de tragédie et de burlesque, ce Terminator musical qui joue des muscles au fond des océans ou dans des opéras rock déjantés, est effectivement susceptible de faire péter les boulons. Ce démiurge, capable de faire pâlir le jour et trembler les cathédrales, incarne à lui tout seul l’instrument romanesque par excellence, au sens où l’entendait la littérature du XIXe, noire et gothique. C’est une bonne nouvelle et quasiment une révélation de service public qui conduira le commun des mortels à ne plus confondre l’orgue et l’harmonium. Donc bravo pour le thème qui se décline dans des moments de folie baroque avec les Mad Songs et la Viole du Diable, des expériences sonores comme Cathédrale Mobile et le Concert Surprise. Toutes ces folies musicales se termineront par une Nuit des Fous où les plus courageux des organistes révèleront, dans un effort sorcier de vérité intérieure, leur état d’égarement personnel. Forcément, on adhère ! AL

Photo : Pierre Combier.