Classique
Iphigénie en Tauride
Créé à Paris en 1779, en pleine querelle des gluckistes et des piccinistes, Iphigénie en Tauride est le dernier triomphe de Gluck.
Le compositeur d’origine allemande y prend définitivement ses distances avec l’opera seria. Il montre son penchant pour la simplicité au profit d’une tempête d’émotions et fait toute sa place à l’orchestre, véritable protagoniste du drame qui se joue sur scène. Sous un nœud de relations funestes dont seuls les Atrides ont le secret, l’histoire de la fille d’Agamemnon, roi de Mycènes, et Clytemnestre est celle de sacrifices manqués. Celui d’Iphigénie (Vanina Santoni) en premier lieu, condamnée par son père et sauvée par Diane qui la fait prêtresse en Tauride. Celui de Pylade (Valentin Thill), l’ami d’Oreste (le frère d’Iphigénie), sauvé par la prêtresse chargée de sa mise à mort. Et celui d’Oreste (Jean-Sébastien Bou), sauvé par Pylade et gracié par Diane. De cet opéra inspiré d’Euripide, Rafael R. Villalobos saisit l’horreur du fratricide et le déchirement de la guerre. Marqué par la destruction sanglante du théâtre de Marioupol, qui servait de refuge à des centaines de civils ukrainiens avant son bombardement par l’armée russe en mars 2022, le jeune metteur en scène espagnol file la métaphore du théâtre pour interroger son rôle et sa place dans les vacillantes démocraties contemporaines.
Sarah Jourdren
Photo : E.Sinisi
Publié par Rédaction de Ramdam
Opéra Comédie, Montpellier
Place de la Comédie
34000 Montpellier
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