Danse

Kader Belarbi revisite Casse-Noisette

Du 21 au 31 décembre 2017

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Le chorégraphe toulousain, qui ne fait rien comme tout le monde, a décidé que le célèbre ballet pour enfants sera aussi un régal pour les adultes. Féérique… et cruel.

Kader Belarbi , quelle place occupe à vos yeux Casse-Noisette dans le répertoire des grands ballets classiques ?
Casse-Noisette fait partie des ballets joués dans le monde entier, en particulier dans les pays anglo-saxons au moment des fêtes de fin d’année où les représentations se succèdent à un rythme effréné. C’est une oeuvre très illustrative, portée par la musique de Tchaïkovsky, sans doute l’une des partitions pour ballet les plus connues. En général, les compagnies adoptent la version d’Alexandre Dumas, beaucoup moins sombre que celle d’Ernst Theodor Hoffmann, mais qui souvent frise l’indigestion de sucreries. Pour ma part, je trouve légitime de le programmer à Noël, mais pas chaque saison, pas systématiquement. Et non à l’overdose de sucre !

Dans quel état d’esprit avez-vous abordé l’œuvre ?
J’ai souvent inventé des histoires pour mes enfants. J’aime broder autour des contes, fabuler, pour les entraîner ailleurs, ce qui est d’ailleurs le propre de la tradition orale du conte. C’est un peu dans cette idée que j’ai appréhendé Casse-Noisette. Je suis retourné dans mes lectures, plus celle d’Hoffmann que de Dumas, avec l’envie de l’emmener dans ses extrêmes, d’en faire une sorte de conte enfantin pour adultes.

Pouvez-vous nous dévoiler quelques pistes dramaturgiques et esthétiques de cette version revisitée ?
Le premier acte se déroule dans le monde clos d’un pensionnat où cohabitent Drosselmeyer, à la fois directeur et magicien ensorceleur, la Haute Surveillante, Marie et le Club des Cinq qui, aux douze coups de minuit, s’échapperont par la Porte des Rêves. A l’atmosphère lugubre du pensionnat s’oppose au deuxième acte la somptuosité d’une jungle chimérique imaginée par le décorateur Antoine Fontaine à la manière du Douanier Rousseau.
Le costumier Philippe Guillotel et Hervé Gary à la lumière se sont amusés de leur côté à créer des costumes-accessoires et divers mécanismes capables de répondre à la fois aux enjeux dramaturgiques et aux contraintes du ballet. Il y aura des boîtes qui s’ouvrent et se ferment, une bataille contre des araignées perchées sur pointes au cours de laquelle Casse-Noisette aura le bras arraché, un soliste qui danse avec un seul bras, un bonhomme de neige géant rempli de cadeaux… La valse des flocons fera la transition vers le retour au dortoir où, dans la blancheur de l’hiver, nul ne saura vraiment si ce qui s’est passé relève de la réalité ou du rêve.
Propos recueillis par Maëva Robert

Photo : David Herrero

Publié par Rédaction de Ramdam


Théâtre du Capitole,