Bérénice

C’est un trio inespéré. Une alliance colossale. Un pacte scellé entre trois géants du théâtre mondial. Racine, Castellucci, Huppert.

Entre eux, Bérénice, monument dramatique français qui creuse en profondeur le sillon du mythe tragique. On sait la supériorité du texte, de la langue. On sait le singulier talent de Roméo Castellucci pour faire surgir, sur scène, les émotions les plus brutes, les plus enfouies, les plus sombres, fouiller les sentiments archaïques que la tragédie convoque inévitablement. On sait tout ce qui fait qu’Isabelle Huppert est Isabelle Huppert, mélange de radicalité brûlante et de mystère glacial. On espère tout de cette pièce créée au Domaine d’O, et surtout le choc esthétique, brutal, tordu, que nous promet cette union sacrée. « Les mots emportent l’air » dit Roméo Castellucci pour décrire la lutte que se livrent la paralysie de l’action qui s’abîme dans la violence, et la noblesse du langage qui dissimule mal le chaos qui avance. Virginie Peytavi