Boris Godounov

Porté par une musique brute, puissante de Modeste Moussorgski et présenté ici dans sa version primitive de 1869 (celle que ni la censure ni Rimski-Korsakov n’ont remaniée), Boris Godounov raconte les destins croisés de deux usurpateurs au trône de Russie.
Celui qui tue, s’élève et chute, Boris Godounov (incarné par le Biélorusse Alexander Roslavets, qui fera à cette occasion ses débuts à l’Opéra national du Capitole et dans ce rôle mythique), et celui qui ment et triomphe, le faux Dimitri (Airam Hernández). À la manœuvre dans cette nouvelle production de l’Opéra du Capitole, le mystique Olivier Py imagine un décor en trompe-l’œil superposé façon matriochka, symbole de siècles de propagande et de tyrannie du pouvoir russe. Car si Boris Godounov raconte surtout la violence absurde et l’illégitimité tragique du pouvoir, il était difficile d’ignorer le contexte de la guerre en Ukraine : loin de s’en affranchir, Olivier Py montre une fois encore comment le théâtre permet « si ce n’est d’approcher, du moins de comprendre, d’éprouver l’incompréhensible, le non-sens tragique de l’Histoire ». Sarah Jourdren

Photo : Janis Deinats