Expos

Nia Diedla "Mythos / La maison sans nom

Du 4 novembre au 28 décembre 2023
Du mardi au samedi de 10h00 à 13h00 et de 14h00 à 18h00

CERET
Salle Pierre Mau

Gratuit !

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Une épine s’enterre le long de mon dos. C’est une tresse ancienne, faite d’échardes et de chair. Il n’y a pas des cimetières dans les arbres, il y a des noms. Je garde celui d’une femme. Elle et moi avons fait un voyage ensemble, qui a commencé il y a cent ans. Nous avons le même sang. Cette maison, c’est la nôtre. L’envie de partir. Celle de rester. Il y a des choses qui n’ont pas d’explication, même si elles ont la justesse d’un battement dans la poitrine. Le mot maison, par exemple, est impossible à définir en six lettres. Je ne sais pas comment la dessiner tout entière, alors je l’écris en différentes langues. En espagnol, casa. En hongrois, haza. En allemand, haus. En français, maison. En russe, дом. En danois, hjem. En basque, etxe. Ce sont les pierres d’un rite. Je vais les poser une par une sur le sol, ou les nommer à voix haute. Parfois, la mémoire fait mal. Nous laisse un creux, comme celui d’une dent de lait. Parfois elle perd sa terre ou une de ses jambes. Je ne veux oublier aucun des chemins de la maison. Reconstruire un arbre de famille lorsque les grands-parents ont commencé à partir, n’est pas une tâche facile. Encore moins quand j’ai les années de ma mère et elle a celles des grands-mères. Il y a tellement de questions que je n’ai pas posées. Comme autant d’images de la maison qui changent au fil des ans en moi. Notre visage dans le miroir a parfois le visage de nos ancêtres. Il faut les laisser sortir par les collines des yeux. De l’autre côté du linceul, la terre était humide. J’ai plongé mes doigts dedans, et j’ai commencé à écrire. Mythos a été le premier mot. Cette maison n’a pas de nom, elle a des racines.

Publié par Lumière d’Encre


Salle Pierre Mau, CERET

Place Pablo-Picasso
66400 CERET

Tél : 0430827330