Ramdam n°149 mars/avril

La bibliothèque idéale de Tristan Garcia
Professeur de philosophie à l’université de Lyon, Tristan Garcia est né en 1981 à Toulouse. Il est élevé dans une maison remplie de livres, par quatre parents profs, avec l’idée – élitiste mais chez lui en aucun cas prétentieuse – qu’il n’a rien à apprendre de l’école, si ce n’est l’importance des amis. Au lycée Pierre de Fermat, il préfère donc la place du cancre et file des antisèches aux copains. En 2008, il fait une entrée fracassante en littérature avec La Meilleure Part des hommes (lauréat, entre autres, du prix de Flore), qui lui vaut d’intégrer le clan des « écrivains parisiens ». Il déteste l’étiquette et les mondanités, et s’applique depuis à multiplier les genres : un récit postapocalyptique par la voix d’un singe (Mémoires de la jungle, 2010), un recueil de nouvelles sur des sports plus ou moins oubliés (En l’absence de classement final, 2012), jusqu’à sa dernière entreprise, une Histoire de la souffrance en trois volumes (Âme, vol. I, 2019). Son panthéon n’aurait pu contenir que des bandes dessinées, qu’il dévore avec passion. Il offre finalement une sélection pointue, une promesse de belles découvertes parsemée de récits fondateurs..

Le focus / Culture en travaux
Oui, la culture est à l’arrêt. Certes. Ça ne vous a pas échappé. À nous non plus. Vous savez bien qu’on est toujours sur le coup dès qu’il s’agit de faire mousser les infos prêtes à casser les Internets. On lui a, comme dirait l’autre, coupé le son, à la culture. Mais l’animal, retors, coriace, malin, a la peau dure. Et figurez-vous que non content de survivre gentiment, il bouge encore. Travaux, labellisations, nominations, réhabilitations, déménagements : le point sur les nouveautés qui n’attendent plus que vous pour exister vraiment. Et remettre le son.

Dossier / Que restera-t-il de cette drôle d’année ?
Un an déjà que ce grossier personnage débarquait dans nos vies. Sans même s’apercevoir qu’on n’était pas prêts, mais alors, du tout, à l’accueillir. Un peu de tenue, de politesse, de savoir-vivre, ça l’aurait pas écorché. Apparemment si. C’était trop lui demander. Ses manières de malpoli, sa façon mal dégrossie de débarquer comme ça, à l’improviste, à la hussarde, à la-va-comme- je-te-pousse, faut être honnête, ça nous a pas tellement plu. Il a vite fait d’en profiter et de se vautrer un peu partout dans nos vies comme un ado sur le canapé. C’est là qu’est intervenue la fabuleuse invention qui, contrairement à ce qu’on pense, n’est pas née avec les co-workers et les start-uppers : l’adaptation. Elle a permis au monde culturel, qui en connait tout de même un rayon en matière d’inventivité, malgré les fermetures, les couvre-feu, la distanciation sociale, d’explorer de nouvelles formes de médiation, de maintenir vivant le lien avec les publics. En distanciel. En présentiel. En formidable. En essentiel.