Expos

Josep Bartoli par Georges Bartoli

Du 23 septembre 2021 au 19 septembre 2022

Salses-le-château
Mémorial du Camp de Rivesaltes

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Révélé au public par Josep (César 2021 du meilleur film d‘animation), le dessinateur et peintre Josep Bartoli (1910 – 1995) fait l’objet d’une exposition rétrospective au Mémorial du Camp de Rivesaltes, suite à une importante donation. Son neveu, le photographe Georges Bartoli, en assure le commissariat.

L’œuvre de Josep Bartoli est indissociable de son parcours de vie et de son engagement politique. Quels sont les grands thèmes qui jalonnent sa carrière artistique et comment a évolué son langage formel ?

À Barcelone au début des années 30, il est un dessinateur de presse reconnu au service de la propagande républicaine. En 1939, il s’exile en France avant de connaître une longue période d’internement dans les camps. Sur des papiers épars, il dessine les camps avec une grande précision. Chaque dessin est comme une bande-dessinée qui raconte une page d’histoire. En 1943, il part pour le Mexique où il publie ses dessins. Frida Khalo lui aurait dit « quand tu auras abandonné la peur, tu découvriras la couleur ». Sa carrière d’artiste prend un virage à 90°. Il a intégré la défaite républicaine, il est artistiquement vierge. Il connaît alors un passage éclatant par la couleur. À New-York, au contact de Rothko, sa peinture flirte avec l’abstraction mais reste teintée d’un certain expressionnisme. La douleur, la violence et la colère sous toutes leurs formes - racisme, machisme… - resteront les grands thèmes de son œuvre. Mon oncle est mort en colère, comme beaucoup de personnes qui ont vécu la trahison des nations européennes.

Quelle place occupait-il dans les milieux artistiques du XXe siècle ?

Il a beaucoup fréquenté les peintres, photographes, cinéastes. Il était à l’aise dans son statut d’artiste tant qu’on ne lui demandait pas de faire de l’art pour décorer. Il a gagné beaucoup d’argent en tant que dessinateur pour une revue de tourisme aux Etats-Unis, mais n’a jamais pu dissocier son engagement politique de son œuvre personnelle. Il se fichait de la technique, ce qui comptait c’était la vocation de critique sociale de l’œuvre. Il était totalement déconnecté du marché de l’art, et reste d’ailleurs inconnu en France aujourd’hui.

Au-delà du témoignage personnel, son œuvre fait échos à des problématiques très contemporaines. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Ses dessins des camps en particulier ont pour moi une résonance affective très forte. Josep dessine parfois mon père, interné avec lui : il ressemble à un Syrien ou à un Afghan aujourd’hui. Ses dessins nous parlent du statut de l’être humain dans le monde, de situations qui sont celles des exilés aujourd’hui, de l’absurdité des concepts de frontière, de quota d’immigration, et de l’humanité qui a toujours été en mouvement.

Propos recueillis par Maëva Robert

Photo : Josep Bartoli et Georges Bartoli - Famille de Josep Bartoli

Site web : http://www.memorialcamprivesaltes.eu

Publié par Rédaction de Ramdam


Mémorial du Camp de Rivesaltes, Salses-le-château

Avenue Christian Bourquin
66600 Salses-le-château

Tél : 0468083970